A l’époque où Sylvester Stallone s’efforçait d’incarner un Rambo convaincant, Konami éditait l’une de ses séries les plus populaires à ce jour : Contra. Connue sous plusieurs noms et déclinée en une demi-douzaine de jeux, elle reste aujourd’hui l’une des plus belles cartouches de l’éditeur.
Les clichés ont la vie dure. Si le nom « Contra » ne vous dit absolument rien, ne sous-estimez pas pour autant votre culture vidéoludique. Si le titre est inconnu de la plupart des joueurs français, c’est parce que le jeu est sorti sous le nom de « Probotector » dans l’Hexagone. Pourquoi ce traitement particulier ? A l’origine, Contra (titre original : Kontora) est une borne d’arcade sortie en 1987 au Japon et aux États-Unis. Elle permet à deux joueurs de lutter conjointement contre les forces du mal, dans la jungle luxuriante et les complexes technologiques. Vous l’aurez compris : les deux militaires ne mènent pas la guerre avec des cure-dents et le sang gicle à profusion. Cruel exemple pour nos chères têtes blondes ! En un coup de pinceau numérique, les muscles noueux de nos deux protagonistes ont cédé la place à l’armure chromée d’un couple de robots. Les balles peuvent bien s’enfoncer dans la carcasse froide des héros, ravageant leurs circuits imprimés et leurs tenues d’acier : la métallurgie passe beaucoup mieux en jeux vidéo que la boucherie…
Il faut croire que Lance et Bill, les deux militaires, travaillaient sous de multiples pseudonymes : certaines versions du jeu sont également baptisées « Kontra » ou « Gryzor« . Qu’importe ! Le plaisir reste le même : dans un scrolling horizontal, vous avancez dans les lignes ennemies, pour en découdre le plus souvent avec des extra-terrestres. Certains niveaux d’anthologie proposent un déplacement en « fausse 3D », où vous devez gagner des portes dans le fond de l’écran, tout en évitant des rayons laser. Les développeurs de Konami ont avoué à la sortie de la borne Super Contra, en 1988, qu’ils s’étaient très largement inspirés de la série des Aliens. Le parallèle est flatteur : on retrouve dans le jeu vidéo l’angoisse de la saga cinématographique, lorsque l’on pénètre dans de nouvelles salles.
Nos consoles se sont copieusement abreuvées de la série de Konami. La N.E.S., tout d’abord, a connu deux épisodes successifs. Le troisième volet est allé directement sur Super Nintendo. Baptisé « Super Probotector » en France, il a fait partie du line-up original, en 1992. Très impressionnant, le jeu se distinguait essentiellement par son ambiance sonore incroyable et son utilisation très poussée du mode-7. Pour les rendre gigantesques, un zoom était appliqué à tous les monstres de fin de niveaux. Peu de temps auparavant, la Megadrive hébergeait une version similaire aux jeux N.E.S. : Contra Hard Corps. Depuis, toutes les consoles ont eu droit à leur adaptation, de la Saturn (Contra : Legacy Of War) à la PlayStation en passant par la GameBoy. En 2002, la PlayStation 2 héberge a son tour un épisode original, Contra : Shattered Soldier. Développé par une partie de l’équipe responsable de Castlevania, Gradius et Silent Hill, le jeu s’articule autour de nombreux effets spéciaux et se distingue par la possibilité de choisir son arme au début de chaque niveau.
Toujours sur la même console, Konami développe le dixième épisode de la saga, Neo Contra, en 2004. Angoissant et très futuriste, le jeu revient à un pur scrolling horizontal comme à ses balbutiements. La même recette est préservée en 2007 sur Nintendo DS à travers un Contra 4 inconnu en Europe, qui reprend la trame originelle mais qui se distingue par l’extension de l’action aux deux écrans de la console portable de Nintendo. En 2009, la boutique de la Wii héberge un titre inédit, Contra ReBirth, qui épouse le même design que la version Super Nintendo. Le jeu finit à ce titre sa carrière sur les plates-formes de retro-gaming et d’achats intégrés, à travers Hard Corps: Uprising en 2011, sur PSNetwork et Xbox Live Arcade. Développé par Arc System Works, les auteurs de la série Guilty Gear, il reprend là encore le concept original en proposant des personnages complémentaires par DLC.
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