La guerre des systèmes
Si les futurs véhicules embarquent les composants standards de l’informatique moderne, ils empruntent également à nos PC et smartphones leurs systèmes d’exploitation. Tous les éditeurs sont dans la course et envisagent l’automobile comme un marché prometteur.
Si la communication entre les différents calculateurs qu’embarquent nos véhicules est assurée par des logiciels très spécifiques, développés par les grands ténors de l’industrie autour du standard Autosar 4.0, l’ordinateur de bord et ses multiples emplois dans l’infotainment intéressent au plus haut point les éditeurs classiques de l’informatique grand public. Le phénomène n’est d’ailleurs pas nouveau, à en juger par l’implication de Microsoft dans ce marché depuis plus de dix ans, à travers sa division Windows Embedded Automotive, ou le système MeeGo développé par Nokia depuis 1999 sur les bases d’un noyau Linux. Comme nous l’avons vu précédemment, ces systèmes soutiennent en particulier les interactions du conducteur avec l’ordinateur de bord ou la tablette numérique, connectés à Internet à travers une connexion 3G ou LTE. Tablette et connexion mobile : les deux maîtres-mots sont lâchés et évoquent naturellement les systèmes qu’embarquent nos smartphones, iOS et Android en tête. Si Apple n’a pas explicitement indiqué son souhait de s’immiscer sur ce marché, Google ne cache pas son intérêt : la firme de Mountain View a même contracté un partenariat avec General Motors pour développer une version spécifique d’Android et Renault bâtit sa tablette R-Link autour de ce système. Samsung n’est pas non plus en reste et envisage de fusionner son système Bada avec la solution Meego de Nokia/Intel.
Le logiciel, carburant de l’informatique embarquée
Dans la mesure où les systèmes de navigation embarqués empruntent à l’informatique tous ses principaux composants, les systèmes d’exploitation n’impliquent pas une grande phase d’adaptation et de développement pour s’immiscer dans l’habitacle de nos futurs véhicules. Comme nous l’avons vu, la plupart des prototypes d’ordinateurs embarqués s’appuient sur des interactions tactiles ou vocales – deux domaines dans lesquels excellent les systèmes d’exploitation mobiles. Les constructeurs automobiles et les éditeurs entretiennent ici un rapport gagnant-gagnant : les seconds étendent le marché de leurs boutiques d’applications tandis que les premiers profitent rapidement de centaines de logiciels prêts à l’emploi, dont la popularité n’est plus à démontrer. Au même titre que les téléviseurs connectés, qui commencent à déployer des boutiques de mini-logiciels, les voitures deviennent une extension naturelle de nos PC et de nos périphériques numériques et constituent ainsi un nouveau marché pour les éditeurs. Peugeot et Renault s’inspirent librement du concept et développent leurs propres boutiques d’applications. Le pari de lancer de telles échoppes virtuelles est moins risqué que sur les tablettes, dans la mesure où le client fait face à un choix plus limité ; le propriétaire d’un véhicule Renault, par exemple, ne pourra vraisemblablement jamais installer l’équipement d’une Peugeot et réciproquement. Par ailleurs, avec les systèmes d’abonnement et les ventes individuelles de mini-logiciels, les constructeurs pourraient bien remporter un revenu complémentaire non-négligeable, à l’instar de ce qu’a réalisé Apple avec l’iTunes Store.
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