En réinventant l’interface de Windows et en visant en premier lieu les tablettes tactiles, Microsoft a suscité de vives craintes dans le coeur des joueurs. Qu’on se rassure : au prix d’une certaine adaptation, Windows 8 révèle un grand intérêt et parvient même à tirer vers le haut les performances de nos PC ! Revue de détails.
Constituant « le pari le plus risqué de l’histoire de Microsoft » selon son patron, Steve Ballmer, Windows 8 a définitivement déployé ses ailes le 26 octobre dernier et se voit d’ores et déjà intégré à l’ensemble des nouveaux PC fixes et portables livrés clés en main. Troquant le sempiternel menu Démarrer, l’emblème de Windows depuis plus de dix-sept ans, contre un nouvel écran d’accueil qui fait des œillades aux utilisateurs de tablettes, le nouveau système fait comprendre l’ampleur du défi que s’est fixé le géant de Redmond : concilier la branche traditionnelle des utilisateurs bureautiques avec la nouvelle vague, jeune et imprévisible, des adeptes de services mobiles et d’applications web. Ménageant la chèvre et le chou, Microsoft s’est donc employé à rassurer ses clients de la première heure, à grands renforts de benchmarks démontrant l’étendue des performances de Windows 8 par rapport à un Windows 7 pourtant unanimement reconnu, tout en louant l’intégration des réseaux sociaux et des services les plus modernes au noyau du système. Un bien délicat grand écart, entre la froideur des feuilles de calcul d’Excel et la jeune insolence des boutons « J’aime » de Facebook et des retweets ! Si, à première vue, les tuiles animées de l’écran d’accueil et les manipulations tactiles qu’elles favorisent risquent de rebuter les réfractaires au changement, doit-on pour autant considérer Windows 8 comme le Windows Vista de l’an 2012 ? À savoir le brouillon d’un système plus stable et fiable, dont l’intérêt ne nous apparaîtra réellement qu’à la prochaine version ? Sans déflorer les résultats de notre dossier, sachez que vous pouvez tempérer vos inquiétudes : oui, Windows 8 impose un changement en profondeur qui profitera avant tout aux détenteurs de (futures) tablettes, mais le système n’est pas dénué d’intérêt pour l’ensemble des utilisateurs, en particulier les fans de jeux vidéo. Revue de détails.
Revoir l’ensemble de nos habitudes
Dès la phase d’installation, dont la durée est sensiblement identique à celle de Windows 7, les premiers changements se font sentir. Microsoft vous propose en effet de saisir d’emblée une adresse e-mail, qu’elle quelle soit (une vraie bonne idée de ne pas imposer Hotmail !), qui correspondra à votre profil d’utilisateur. À ce stade, la phase de personnalisation reste anecdotique et vous permet essentiellement de changer la couleur d’arrière-plan et d’indiquer vos données de localisation. Vous découvrez ensuite l’écran d’accueil, qui comprend une série d’applications préinstallées : la tuile « Bureau », en bas à gauche, paraît jetée pêle-mêle. Tous ceux qui craignent l’omniprésence de cet écran clinquant, constellé d’icônes et réduisant le bureau à un rang anecdotique, risquent d’être confortés dans leur idée à travers cette première impression ! Ce sentiment se réduit toutefois après une première heure d’utilisation, lorsque l’on a configuré l’ensemble des services associés au compte Microsoft et que l’on maîtrise le basculement entre l’écran d’accueil et le bureau, par une simple pression sur la touche Windows. Très vite, l’intérêt d’un « menu Démarrer » en plein écran apparaît même plus clairement : il soutient en particulier une recherche globale, qui vous permet de filtrer vos applications, fichiers et paramètres en saisissant leurs premières lettres. Un vrai atout ergonomique ! Vous pouvez même élargir le champ de la recherche en installant de nouvelles applications, à travers le Windows Store ; en ajoutant un client Wikipedia, par exemple, vous interrogez l’encyclopédie collaborative comme si elle était installée localement. Sur le Bureau, la disparition des effets de transparence Aero allège la réactivité générale du système.
On apprécie également l’Explorateur et la discrétion de son ruban, qui se révèle tout de même bien pratique pour quelques opérations courantes comme la copie ou le partage d’une série de fichiers. Enfin, le Gestionnaire des tâches se montre plus précis et affiche distinctement les ressources consommées par chaque processus ou service, tout en laissant apparaître les performances de votre configuration ou l’historique des applications ouvertes.
À la loupe | Les performances bureautiques | ||
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Windows 7 |
Windows 8 |
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Temps de démarrage (cold boot) | 26 sec | 17 sec |
Temps d’arrêt | 11 sec | 7 sec |
Temps de mise en veille | 14 sec | 8 sec |
Temps de reprise | 17 sec | 13 sec |
Compression vidéo | 202 sec | 165 sec |
3DMark11 | 3749 | 3904 |
PCMark7 | 3502 | 3874 |
Copie 3 Go vers USB 2.0 | 2min24 | 1min58 |
Excel 2010 MonteCarlo | 3,32 sec | 2,97 sec |
x264 HD Benchmark 5.0 | 80,9 | 87,2 |
AS SSD Benchmark, lecture | 209,8 Mo/s | 211,2 Mo/s |
AS SSD Benchmark, écriture | 151,2 Mo/s | 152,7 Mo/s |
Des performances en hausse sur le Bureau
Du côté des performances brutes face aux tâches bureautiques et aux opérations les plus courantes, Windows 8 s’en sort étonnamment mieux qu’un Windows 7 déjà acclamé pour ses faibles ressources consommées et sa grande réactivité. Tout d’abord, le lancement et l’arrêt du système gagnent en rapidité : respectivement 17 et 7 secondes, pour Windows 8, contre 26 et 11 secondes pour Windows 7 (sur un disque dur à plateaux, en 7200 tours/minute). Même son de cloche pour la mise en veille prolongée et le retour de celle-ci : Windows 8 prend respectivement 8 et 13 secondes pour ces tâches, contre 14 et 17 secondes pour Windows 7. Un écart plutôt appréciable au quotidien, qui se creuse encore davantage sur les anciennes configurations. Les PC portables accusant deux à trois ans d’existence gagnent même près de 20 minutes d’autonomie : au prix de la licence de Windows 8 Pro (29,99 euros en téléchargement et 59,99 euros pour un DVD de migration, jusqu’au 31 janvier 2013), l’opération vaut le coup. Cet intérêt se confirme jusqu’à la copie des fichiers : le transfert de 3 Go de données, correspondant à 1000 fichiers, vers un disque dur externe USB 2.0, nous aura pris 2min24 sur Windows 7 contre 1min58 sur Windows 8. Le suivi de la copie est d’ailleurs nettement plus élégant et ergonomique, avec un empilement des fenêtres de l’Explorateur dans le cas de multiples transferts.
En utilisation bureautique, le nouveau système de Microsoft se montre également plus véloce que le précédent – la désactivation des effets Aero n’y est probablement pas étrangère. Ainsi, le benchmark MonteCarlo pour Excel 2010 s’exécute en 2,97 secondes sur Windows 8 contre 3,32 secondes pour Windows 7. Un écart mince mais qui pourrait justifier l’investissement auprès des entreprises ! Du côté des performances multimédias, l’écart est plus sensible : x264 HD Benchmark 5.0 obtient 87,2 sur Windows 8 contre 80,9 sur Windows 7. Même résultat dans le cadre de la compression vidéo ; notre séquence de test a été traitée en 202 secondes sur Windows 7 et en seulement 165 secondes sur Windows 8 (sur une GeForce GTX 670). Plus globalement, l’écart se confirme et se creuse à 9 % environ avec PCMark 7, une suite visant à tester les performances multimédias : on obtient un score de 3874 sur Windows 8 et de 3502 sur Windows 7. Microsoft relève haut la main le pari fixé et on confirme que son dernier système d’exploitation est plus rapide pour l’ensemble des tâches courantes, malgré son écran d’accueil un peu tape-à-l’œil qui ne laissait rien augurer de bon.
Les performances en jeux vidéo
Tout aussi attendues, les performances en jeux vidéo confirment la légèreté du noyau de Windows 8. Commençons par une bonne nouvelle : AMD et Nvidia sont fins prêts et proposent d’ores et déjà des pilotes pleinement fonctionnels pour l’ensemble de leurs cartes graphiques, même si la firme au caméléon semble posséder un très léger avantage à ce sujet.
Les performances du navigateur | ||||||
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Windows 8 s’accompagne en réalité de deux versions de son navigateur Internet Explorer 10 : une première intégrée à l’écran d’accueil, en plein écran, et une version fenêtrée sur le Bureau. Supportant enfin les standards les plus modernes, il fait oublier les piètres versions du passé. À travers nos tests, on constate toutefois qu’il cède toujours du terrain à ses principaux concurrents, Chrome et Firefox en tête ! Mais à l’instar des performances bureautiques, on constate avec plaisir que Windows 8 se révèle plus performant que son prédécesseur. | ||||||
Windows 7 | Windows 8 | |||||
Internet Explorer 9 | Firefox 14 | Chrome 21 | Internet Explorer 10 | Firefox 14 | Chrome 21 | |
Mozilla Kraken | 3877 ms | 2471 ms | 2394 ms | 3714 ms | 2314 ms | 2210 ms |
Google v8 | 8431 | 9142 | 10797 | 8971 | 9876 | 11947 |
Plus globalement, sachez que l’ensemble des périphériques compatibles avec Windows 7 l’est également avec la nouvelle version du système – vous pourrez pleinement les utiliser sans attendre. Du côté de 3DMark 11, l’écart se resserre entre les deux versions mais reste en faveur de Windows 8, qui obtient un score de 3904 contre 3749 pour Windows 7. Avec la plupart des jeux que nous avons testés, la différence entre les deux systèmes est encore plus mince et oscille entre 0,5 et 1,5 %, en plaçant en tête l’une ou l’autre des versions de Windows selon chaque titre. Ainsi, Battlefield 3 renvoie 73,1 FPS avec une GeForce GTX 680 en 1920×1080 pixels sur Windows 7 contre 73,0 FPS avec Windows 7. Même écart avec une Radeon HD 7970 : 66,8 FPS sur Windows 7 et 66,6 FPS sur Windows 8, dans les mêmes conditions. Des résultats parfaitement imperceptibles à l’œil nu ! À l’inverse, Diablo III plébiscite Windows 8 : 224,2 FPS pour ce dernier et 222,8 FPS sous Windows 7, en 1920×1080 pixels avec la même GeForce. Reportez-vous à notre tableau ci-contre pour de plus amples détails à ce sujet mais retenez donc bien ce verdict : Windows 7 et 8 offrent rigoureusement les mêmes performances en jeux vidéo, avec généralement un microscopique avantage pour ce dernier lorsque l’on monte dans les très hautes résolutions (2560×1600 pixels).
Les performances en jeux vidéo | ||||
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Windows 7 | Windows 8 | |||
AMD Radeon HD 7970 | Nvidia GeForce GTX 680 | AMD Radeon HD 7970 | Nvidia GeForce GTX 680 | |
Batman: Arkham City (1920×1080) | 89,3 | 93,4 | 89,4 | 93,7 |
Battlefield 3 (1920×1080) | 66,8 | 73,1 | 66,6 | 73,0 |
Diablo III (1920×1080) | 214,5 | 222,8 | 214,9 | 224,2 |
Crysis 2 (1920×1080) | 67,3 | 69,1 | 66,8 | 68,7 |
Metro 2033 (1920×1080) | 38,9 | 41,7 | 40,0 | 41,9 |
STALKER: CoP (1920×1080) | 91,8 | 94,7 | 91,7 | 94,6 |
Skyrim (1920×1080) | 74,6 | 75,2 | 74,5 | 75,2 |
Alan Wake (1920×1080) | 76,6 | 80,2 | 77,1 | 80,7 |
Hard Reset (1920×1200) | 88,4 | 89,5 | 88,9 | 89,3 |
Faut-il succomber dès à présent ?
Les résultats sont sans appel : faisant « au pire » aussi bien que Windows 7, mais bien souvent plus à l’aise que son prédécesseur dans les tâches les plus courantes, le nouveau système de Microsoft présente en premier lieu le mérite de ne pas dénaturer l’excellente base dans laquelle il s’introduit. L’écran d’accueil, tant décrié à ses débuts, est finalement plutôt convaincant et permet d’organiser au mieux ses activités tout en profitant d’une recherche globale plus intuitive.
Optimisez les performances de Windows 8 |
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Bien qu’il offre d’emblée d’excellentes performances générales, Windows 8 n’échappe pas au petit jeu des optimisations et des réglages du registre, commun à toutes les versions du système d’exploitation de Microsoft. Nous vous recommandons tout particulièrement Windows 8 Manager, un outil disponible dans une version d’évaluation simple d’emploi, qui offre de bons résultats. Il vous permet notamment de superviser les processus en cours d’exécution, de procéder à un nettoyage rapide du registre, d’améliorer les performances générales à travers un assistant clair, de personnaliser l’apparence du système ou de réparer les principales erreurs. À travers une série de modules autonomes, vous exercez un contrôle précis sur l’ensemble des éléments du système et vous restaurez éventuellement vos anciens paramètres après un réglage infructueux. Un outil chaudement recommandé, qui devrait ouvrir la voie à une vaste série de programmes du même acabit ! |
L’intégration des réseaux sociaux et des services web constitue un atout indéniable : les férus de Twitter et de Facebook publieront de manière instantanée tout type de messages, sans couper court à leurs activités. La boutique intégrée au système, truffée de mini-jeux et d’applications héritées des plates-formes mobiles, se révèle pour l’heure moins convaincante, mais elle permettra à terme d’étendre l’audience du système à une série d’appareils qui échappaient encore à la juridiction de Windows, les tablettes en tête. De son lancement au 31 janvier dernier, c’est surtout par sa politique tarifaire agressive que Microsoft avait fini de nous convaincre : à 29,99 euros la licence de migration vers Windows 8 Pro, il n’y avait pas à hésiter. Aujourd’hui, à près de 280 euros pour le même type de licence, l’intérêt de migrer vers Windows 8 paraît moins évident. Au prix d’un certain effort d’adaptation, Windows 8 revêt donc un grand intérêt. Mais que les irréductibles réfractaires se rassurent : le support de Windows 7 n’est pas encore prêt d’être abandonné et, si le coût d’une licence complète à acheter durant les années 2013-2014 ne vous effraie pas, vous aurez tout le loisir d’y succomber ultérieurement. Dans tous les cas, on peut définitivement tordre le cou aux idées reçues : non, Windows 8 ne ravale pas nos puissantes bécanes de joueurs au rang de modestes tablettes tactiles, bien au contraire !
Retrouvez le menu Démarrer |
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L’écran d’accueil vous paraît pénible à utiliser et vous regrettez la disparition du traditionnel menu Démarrer, ne serait-ce que pour disposer d’un champ de recherche plus rapide à utiliser ? Rassurez-vous : de nombreux éditeurs ont entendu ce grief et proposent des solutions de contournement, qui rétablissent l’ancien menu. Parmi celles-ci, nous vous recommandons tout particulièrement Start8 de Stardock, un outil gratuit développé par l’un des cadors de la personnalisation de l’interface de Windows. Cette solution présente le suprême avantage de ne pas remplacer définitivement l’écran d’accueil, qui reste toujours accessible en pressant la première icône figurant dans ce menu Démarrer. Vous retrouvez alors une ergonomie proche de celle de Windows 7 et vous mettez fin à la rupture visuelle brutale, qui intervient lors du basculement avec l’écran d’accueil. |
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