Il existe une race particulière de jeux dont le développement n’excède pas un mois de programmation mais pour lesquels trouver le concept peut prendre une vie. Au même titre que Tetris, Bomberman relève de cette trempe. Porté sur toutes les consoles, le principe est simple et … explosif !
Nous ne vous ferons pas l’affront de rappeler l’histoire de Bomberman : le jeu en est tout simplement dépourvu. Il est donc inutile de savoir pourquoi une poignée de robots à l’armure chromée s’affronte dans une arène fermée. Revenant sans cesse au combat malgré des lésions qu’on estime fatales, il n’est pas la peine non plus de chercher une raison à leur persévérance utopique. Par contre, il suffit de voir quatre joueurs vociférer dans la même pièce pour se rendre compte de l’intérêt de la saga. Un cordon ombilical numérique les relie tous les quatre, et leur permet de revenir à des sensations primaires. Car il n’existe qu’un seul mot d’ordre dans Bomberman : tuez avant d’être tué.
Il faut revenir au 20 décembre 1985 pour toucher du doigt les origines de la saga. L’éditeur Hudson Soft a d’ores et déjà posé les premières pierres d’une longue série avec cette version sur NES. Le mode Battle est cruellement absent et le mode Histoire tient le haut du pavé. Le succès n’est pas forcément au rendez-vous mais qu’importe : même sur 8-bits, les sensations sont présentes. Deux ans plus tard, BomberKing prend la relève. Le changement de personnage n’affecte en rien le plaisir de jouer. Mais c’est en 1990 sur PC Engine que la version la plus aboutie voit le jour. C’est désormais un acquis : la série sera essentiellement multijoueurs. Dès lors, les versions pullulent sur toutes les machines. Le modèle de référence reste la PC Engine, qui accueille chaque année un nouveau volet de la saga. D’une année sur l’autre, le jeu hérite de nouvelles options, accroît ses possibilités. En 1993, la première version Super Nintendo voit le jour. Un accessoire indispensable l’accompagne : le Multitap permet de brancher plusieurs manettes simultanément. Les batailles atteignent une intensité sans précédent et on enchaîne des dizaines de parties sans hésiter. Des compétitions internationales sont même organisées, témoignage de la maturité et de l’importance de la saga Bomberman.
Toutes les consoles réclament alors leur adaptation. Ce sera chose fait pour la Megadrive en 1994 avec Mega Bomberman et pour la GameBoy à plusieurs reprises avec Bomberman GB et Wario Blast. On notera même une version Neo-Geo, sobrement baptisée Neo Bomberman. Une chose est sûre : la qualité graphique n’accentue en rien le plaisir de jouer. Les diverses tentatives ultérieures le démontrent d’ailleurs parfaitement – la version PlayStation Bomberman World, en 1998, arbore de magnifiques graphismes mais repose sur un intérêt moindre. A ce titre, Bomberman est une saga culte qui a influencé le monde des jeux vidéo en de nombreux points. C’est après sa démocratisation que la plupart des consoles ont arboré quatre ports manette par défaut ! Et à l’heure où l’on ne jure plus que par le jeu en ligne, Bomberman pose une dramatique question : n’est-il pas plus jouissif de se retrouver entre amis dans la même pièce, et de s’adonner à une partie ? Les quolibets et les congratulations auront beau transiter par des connexions haut débit, elles nous parviendront forcément amoindries. Et c’est dans ce sens que le jeu de Hudson Soft est une véritable … bombe !
Veuillez commenter avec votre nom complet, en respectant la charte.